Bulletin de veille : climat économique

The many faces of corruption – Inside Indonesia – a quarterly magazine on Indonesia and its people, culture, politics, economy and environment
http://www.insideindonesia.org/stories/the-many-faces-of-corruption-01042897?Itemid=2

  • Corruption continues to dominate discussion but is a different beast to what it once was Elisabeth Kramer and Michele Ford Activists protest the Bank Century corruption scandal at the International Anti-Corruption Day rally Elisabeth Kramer Discussions about corruption are nothing new in Indonesia.

Fishermen Hang Up Nets as Incomes Fall | The Jakarta Globe
http://www.thejakartaglobe.com/news/fishermen-hang-up-nets-as-incomes-fall/511026

  • Millions of the country’s traditional fishermen have left their jobs to become motorcycle taxi drivers, street vendors or trash pickers because they are no longer able to sustain themselves by catching fish. A recent survey by the People’s Coalition for Sea Justice (Kira) found that 116 fishermen across the archipelago change jobs every day, and in the last seven years 1.3 millions fishermen have migrated to other occupations.

Indonesian Laborers Demand Bigger Share of Profits | Southeast Asia | English
http://www.voanews.com/english/news/asia/southeast/Indonesian-Laborers-Demand-a-Bigger-Share-of-Profits-149649295.html

  • Thousands of protesters marched through the Indonesian capital Tuesday demanding better working conditions to mark international Labor Day. While increasingly frequent strikes have revealed discontent within the labor force, analysts say Indonesia is still a long way from overcoming its sweatshop reputation.
  • Rasani says the government neglects the rights of workers and fails to properly implement labor law
  • The government, he argues, should increase minimum wage, regulate pension payments and eliminate outsourcing

Corruption en Indonésie

Classé 110e sur 178 en termes de corruption[1], l’Indonésie peine à faire valoir son grand potentiel auprès des investisseurs étrangers.

Pourtant, cette problématique est au cœur des préoccupations de l’archipel, qui compte vivement sur les capitaux étrangers pour emmener son taux de croissance toujours plus haut. En effet, l’économie du pays n’a rien à envier aux grandes puissances émergentes en matière de progression, et le gouvernement travaille encore et toujours pour faciliter les IDE en simplifiant ses procédures et en ouvrant son territoire et ses secteurs florissants à qui souhaite parier sur leurs succès à venir. En 2010, ces investissements venus d’ailleurs ont atteint un montant sans précédent de 208,5 billions IDR (environ 175 milliards d’euros)[2].

Mais malgré ces indéniables performances, le développement économique de l’Indonésie reste entravé par des pratiques perverties qui repoussent les investisseurs étrangers, bien au fait des problèmes de gouvernance qui persistent et d’une politique anti-corruption qui perd en assiduité depuis la réélection en 2004 de Susilo Bambang Yudhoyono[3].

Ces pratiques s’appliquent principalement via la réglementation (licences et redevances) imposées par les fonctionnaires des administrations locales. Pendant de nombreuses années, les collectivités, villes et villages n’ont pas eu accès à suffisamment de fonds pour proposer des salaires décents aux fonctionnaires ou développer des services publics à hauteur de la demande. Les taux d’impôts locaux étaient plafonnés, et les pots de vin étaient essentiels au fonctionnement de l’économie locale, car les régions n’obtenaient pas les moyens nécessaires à leur développement[4].

En 2004, Joel Helman, expert de la lutte anti-corruption de la Banque Mondiale, s’est installé pour plusieurs mois à Jakarta pour coordonner les actions de la plateforme anti-corruption, fer de lance de la campagne électorale de Yudhoyono. La stratégie devait établir le lien entre la gouvernance, le terrain hostile aux investissements, et l’absence de prestations de services de qualité. Les premières mesures ont permis de renforcer les capacités des régions, pour améliorer leur gestion financière et leur autoriser plus d’ouverture (marchés publics et participation). Cette amélioration de la gouvernance laisse aux régions la responsabilité de construire leur réputation et d’attirer les investisseurs nationaux et étrangers. L’espoir était de faire émerger une nouvelle génération de leaders politiques basant leur programme sur les progrès de gouvernance et la lutte contre la corruption. L’établissement d’une Commission anti-corruption allait également dans ce sens, pour appuyer les réformes juridiques et judiciaires, et pour établir le dialogue avec le gouvernement et le public sur les suggestions d’amélioration et de renforcement. Un ensemble de mesures louables, et des efforts importants donc, mais les pratiques frauduleuses sont bien ancrées à différents niveaux, et le changement s’est avéré encore plus long que prévu[5].

En mai 2011, Muhammad Nazaruddin (un membre du parlement et ancien trésorier du Parti Démocratique de l’actuel Président Yudhoyono) est impliqué dans un scandale concernant la construction des dortoirs d’athlètes en prévision des Jeux d’ Asie du Sud-Est. Cet évènement a permis de mettre en lumière le fait que plus d’une décennie après la chute du dictateur indonésien Suharto et la fin de son régime dominé par la corruption, nombreux encore sont les fonctionnaires gouvernementaux, les législateurs et les hommes d’affaires qui continuent de se concerter sur l’attribution des contrats publics, des fonds budgétaires et des offres des grandes entreprises[6].

Ce scandale, parmi tant d’autres, torpille la popularité et la crédibilité de Yudhoyono, et compromet grandement les efforts du pays pour atteindre les niveaux d’investissement des nations asiatiques rivales. Hall Hill, professeur des économies d’Asie du Sud-Est à l’Université Nationale de Canberra, explique : « Under the old regime, corruption was highly organized and predictable, and now it’s highly disorganized and unpredictable. […]You knew who to pay, how much and what the payoff would be. Now, none of those are clear. »[7]. En effet, la corruption s’est complexifié depuis la fin du règne de Suharto, du fait de l’implication de fonctionnaires de rang inférieur (Jakob Friis Sorensen, directeur régional de PT Maersk Indonesia), car dans le processus de décentralisation, chaque échelon hiérarchique essaye de tirer son épingle du jeu. Les investisseurs nationaux et étrangers doivent donc faire face à un nouvel environnement, plus labyrinthique et plus frustrant.

La corruption actuelle décourage les investisseurs de s’engager dans les projets de routes et d’usines, et la KPK (Commission anti-corruption) a reçu plus de 50 000 plaintes publiques depuis 2004. Mais la décentralisation fait partie de la transformation démocratique de l’Indonésie, et c’est une évolution à laquelle il faut laisser du temps pour se stabiliser et s’assainir. Les analystes de HSBC ont estimé qu’une augmentation des investissements permettraient une augmentation de la croissance de plus de 8% d’ici 2020 (alors que le taux annuel moyen d’expansion a été de 5,2% de 2000 à 2010).

L’Indonésie a donc tout à gagner dans sa lutte contre la corruption, et les récents scandales (qui ont éclaté alors que les investissements privés augmentaient considérablement) vont sans aucun doute pousser le Parti Démocratique à être plus attentif aux les agissements de ses membres.

Ainsi, même s’il est encore trop tôt pour considérer le problème sous contrôle, l’Indonésie dispose de tous les outils nécessaires, et des résultats significatifs devraient pouvoir s’observer au cours de la décennie à venir.


[1] Transparency International

[2] « Guide d’investissement en Indonésie », PT Data Consult, 2011

[3] « La corruption en Indonésie, l’élite contre les peuples », RFI , Solenn Honorine, 2011

[4] « Corruption in Indonesia », J. Vernon Henderson (Brown University), 2004

[5] « L’Indonésie s’attaque à la corruption », La Banque Mondiale, 2004

[6] « Corruption everywhere », The Economist, 2011

[7] « Envelopes of cash show Indonesia corruption rivaling Suharto era », Jakarta Blog, 2011